Un Culte agréable

Le prêtre a déposé ses vêtements à la hâte. Combien de temps encore devra-t-il se cacher sous ce costume de ville ? Pendant des années, les catholiques ont été opprimés. Le roi avait interdit les cérémonies publiques. Les églises ont été détruites ou confisquées. Aujourd’hui, les lois ont été abrogées, mais le climat reste lourd.

Il y a quelques jours, la nouvelle a circulé. La messe, ce sera pour vendredi. Des mois à attendre. Et c’est, maintenant, pour très bientôt. Le « kit de messe » est arrivé hier. En toute discrétion. Les femmes ont fait le grand ménage. Un vieil homme a collé une image du Sacré-Cœur. Ce n’est pas le grand luxe. Mais, plus que jamais, se vérifie la sentence des Écritures. « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. » (Hébreux 13, 2) Et les anges ne viendront pas seuls.

La famille n’a pas oublié les mots de l’apôtre. « Que demeure l’amour fraternel ! » (Hébreux 13, 1) On a donc battu la campagne. Et c’est un bon nombre de pauvres fermiers et de salariés agricoles qui se trouvent maintenant rassemblés. Ils forment ce beau groupe. Aux couleurs de la terre et du sang.

Au milieu, le prêtre paraît immaculé. Ses paroles font écho à celles tant de fois méditées. « Vous n’êtes pas venus vers une réalité palpable. Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des myriades d’anges en fête et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d’une alliance nouvelle. » (Hébreux 12, 18.22-24)

Les hôtes de ce jour forment comme une cascade d’albâtre. Le couple et leur fille mettent en évidence le trésor de toute la communauté. Une richesse que personne ne pourra leur enlever. Ils sont venus vers Celui qui vient.

Nous qui recevons

une royauté inébranlable,

soyons reconnaissants

et rendons ainsi notre culte à Dieu

d’une manière qui lui est agréable,

avec grand respect et crainte.

Car notre Dieu est un feu dévorant.

(Hébreux 12, 28-29)

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Mass in a Connemara Cabin

Aloysius O'KELLY, 1883