À table !

Les saints sont-ils faits de plâtre ? Reposent-ils invariablement sur leur piédestal ? Hiératiques. Leurs visages sont-ils, à jamais, d’une pâleur extrême ? Les lèvres un peu roses ? Les yeux perdus vers le Ciel ? Heureusement, non.

Dominique est à table. Au milieu de ses frères. À peine plus grand. Ce visage peint est le plus ancien arrivé jusqu’à nous. Est-ce un portrait fidèle ? Peu importe. Est-ce une icône ? Sûrement ! Et de bien des manières. Quelle joie de voir la famille réunie. Vraie image de l’Église. Et du Ciel aussi.

Ici, pas de toile. Pas de panneau savamment préparé. L’artiste a travaillé directement sur la table du couvent. La table où mangeait le Saint. La table des frères. Les pains ronds et les coupes réparties ont un parfum d’eucharistie. La messe et le réfectoire. Comment comprendre l’un sans l’autre ?

Ici, Dominique a prié. Et les pains ont été multipliés. Tous ont été rassasiés. Jamais de famine. Juste la grâce de Dieu. Présence humble. Délicate. Les religieux sont attablés deux par deux. Témoins de la Charité. Des arches les enveloppent. Ravissantes. Discrètes auréoles. Comme en écho à celle portée par leur Père, tout juste canonisé. Autant de reflets de Dieu. La splendeur de la Vérité qui parvient jusqu’à nous. Maintenant.

Et nous sommes invités. Pourquoi ne pas rejoindre le repas ? Tendre la main vers le plat ? La sainteté passe très sûrement par là.

Oui, il est bon,

il est doux pour des frères

de vivre ensemble

et d'être unis !

On dirait un baume précieux,

un parfum sur la tête,

qui descend sur la barbe,

la barbe d'Aaron,

qui descend sur le bord

de son vêtement.

On dirait la rosée de l'Hermon

qui descend

sur les collines de Sion.

C'est là que le Seigneur

envoie la bénédiction,

la vie pour toujours.

(Psaume 132)

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La « Tavola della Mascarella » (détail)

Anonyme, 1234-1340