top of page

Au fil de l’eau

  • Photo du rédacteur: Mathieu DEVRED
    Mathieu DEVRED
  • 29 mai 2020
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 mai 2020

Dans le bureau de l’armateur, la discussion fait rage. Cette fois, c’est fixé. Le plus jeune des fils a décidé de partir. Il ne supporte plus cette vie. Elle lui semble toute tracée. Dessinée comme le cours du fleuve. Entre la source et l’océan, il a envie de mener sa propre existence. Il n’est pas malheureux. Loin de là. Mais il désire autre chose. Autrement. Tous ces bateaux lui tournent la tête. Il déteste tout ce commerce. Il recherche une nouvelle fortune. Il ne veut plus entendre parler de tous ces ports. Ces comptoirs disséminés à travers les colonies. Il aspire à autre chose. Il aspire à rêver. Rêver. Enfin.

Le père écoute son garçon. Il lui a exposé ses arguments. Mais maintenant, il écoute. Et, d’une certaine manière, il obéit. Non pas, qu’il cède aux caprices du contestataire. Il comprend sa soif de liberté. Et comme il voudrait qu’il comprenne. Il voudrait tant que son fils bien-aimé comprenne, qu’il découvre quelle est sa route. Mais pour l’heure, il ne veut rien lui imposer. Il ne veut pas le contraindre. De ses mains, il accompagne le geste de l’imprudent. Il laisse l’insouciant s’emparer de sa part d’héritage. De sa main droite. De la gauche, le trompe-la-mort esquisse un mouvement de rejet. Il met à distance. Le vieil homme ne compte plus à ses yeux.

L’aîné a l’air bien plus sage. Peut-être trop. Il suit le flot. Malgré lui. En fait, il n’est plus vraiment là depuis déjà longtemps. Il s’est habitué aux doux clapotis de la houle. Et il s’est gentiment assoupi. Il ne rêve plus de rien. Mais il somnole. Il dort.

Son épouse est à l’ouvrage. Elle, elle ne rêvasse pas. Elle n’arrête jamais. Cependant, elle ne s’enferme pas dans sa tâche. Ses yeux portent plus loin que ce qui l’occupe. Son regard est attentif. Bienveillant. Elle comprend parfaitement ce qui est en jeu. Elle n’est pas dupe de ce qui est en train de se dérouler. Le vase, au milieu de la scène, lui fait penser aux deux frères. L’un tente de retenir l’eau vive. L’autre se dessèche comme une fleur coupée.

L’existence de la jeune femme n’a pas l’air très attirante. Mais elle a choisi la liberté. La vraie liberté. Par bien des aspects, elle est une belle figure de l’Église.

Une nation a-t-elle jamais

changé de dieux ?

– Et ce ne sont

même pas des dieux !

Or mon peuple

a échangé sa gloire

contre ce qui ne sert à rien.

Cieux, soyez-en consternés,

horrifiés, épouvantés !

– oracle du Seigneur.

Oui, mon peuple a commis

un double méfait :

ils m’ont abandonné,

moi, la source d’eau vive,

et ils se sont creusé

des citernes,

des citernes fissurées

qui ne retiennent pas l’eau !

(Jérémie 2, 11-13)

_______________

La Parabole du Fils Prodigue

N°1 - Le Départ

James TISSOT, 1882

Détails


Comments


©2020 par Regard chrétien sur des Œuvres d’Art

bottom of page