Des Souvenirs éternels

Marie se souvient. Elle se souvient de la visite de l’ange. De l’Enfant Dieu qu’elle a accueilli dans ses bras. Elle se souvient de sa foi, de sa joie. Elle a aimé entendre les récits des Apôtres qui rentraient de mission. Elle a aimé les écouter quand ils rapportaient les gestes et les paroles de son fils.

Ces récits, elle les redoutait aussi. Autant son cœur se réjouissait, autant, il se serrait. Marie avait bien compris qu’un glaive allait transpercer son cœur de mère. Elle a toujours su, elle a toujours cru que la lumière était plus forte que les ténèbres.

Marie se souvient aussi de cette nuit où la chair de sa chair a été méprisé, moquée, défigurée. Jamais, elle n’oubliera le sinistre spectacle de la Croix. Elle sait bien qui s’est enfui. Elle sait encore qui a trahi. Dans son cœur, il n’y a aucune tristesse. Pas de rancune, ni de nostalgie. Elle sait que le Verbe fait chair est vivant. Elle sait qu’il est victorieux de la mort, pour toujours.

Aujourd’hui, Jésus est présent dans l’Eucharistie. Il est celui que l’on retrouve à la messe. Devant cette hostie, Marie ne ressasse pas de vieux souvenirs. Ce qu’elle garde en mémoire est enraciné dans l’offrande et la résurrection de son fils.

D’ailleurs, ici, Marie ne se tient pas à genoux. C'est l’attitude habituelle de celui qui adore

Jésus présent dans l’hostie. Non, elle se tient debout. Elle est déjà ressuscité dans son fils, dans le Fils bien-aimé du Père. Celui qui reçoit tout. Celui qui donne tout.

Rien ne retient Marie dans le passé. Ni ses joies, ni ses peines. La Mère de l’Église est toute tournée vers l’avenir, vers la Vie éternelle. Cette vie que le Seigneur Jésus est venu semer dans le monde, notre monde.

Je suis le Seigneur,

votre Dieu saint,

le Créateur d’Israël, votre roi !

Ainsi parle le Seigneur,

lui qui fit un chemin dans la mer,

un sentier dans les eaux puissantes.

Ne faites plus mémoire

des événements passés,

ne songez plus

aux choses d’autrefois.

Voici que je fais

une chose nouvelle :

elle germe déjà,

ne la voyez-vous pas ?

Oui, je vais faire passer

un chemin dans le désert,

des fleuves dans les lieux arides.

Ce peuple que je me suis façonné

redira ma louange.

(Livre d'Isaïe 43, 15-16.18-19.21)

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La Vierge adorant l'Hostie

Jean Auguste Dominique INGRES, 1854

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