Du baptistère à l'autel
- Mathieu DEVRED
- 14 mai 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 mai 2020
La beauté du mal. L’homme attire la lumière. Plus que le vêtement immaculé du prêtre. Plus que la tunique du servant. Le bourreau est puissant. Affûté comme son épée. Il a brandi sa lame, bondi dans l’église. Il porte haut le fer. Dans une église.
Trois jeunes sont prêts, assis au bord de la fontaine baptismale. Ils ont déposé fripes et frusques. Ils ont laissé l’homme ancien. Presque nus, ils s’apprêtent à recevoir la vie nouvelle. « Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ », clame l’Apôtre (Galates 3, 27).
Mais le monstre a déjà frappé. Matthieu s’est effondré au pied de l’autel. Le sacrifice est consommé. Les ornements sont souillés. L’aube s’empourpre. Sa poitrine est transpercée. L’enfant de chœur est terrifié. Il hurle. Et s’enfuit. Cette horreur n’a pas de nom.
Dans une sorte de silence, un ange se penche. La fumée de l’encens devient épaisse nuée. Et le messager de Dieu intervient. Il ne dit rien. Mais il tend une palme. Trophée du martyre. L’Évangéliste ne peut plus prononcer un seul mot. Son souffle est coupé. Mais son témoignage est éloquent. Il remet sa vie. Comme, jadis, à son bureau de publicain. Comme dans la joie du Cénacle. Ou sur les routes de Galilée.
Tout s’éclaire dans la croix. Cette croix gravée dans la pierre de l’autel. Elle nous sort du dilemme. Entre la beauté du mal et l’effroi de l’innocent, nous n’avons pas à choisir. Cet horizon bouché est traversé par un axe providentiel. Un chemin offert. Le geste de l’ange est une invitation.
Un petit groupe observe. Il est grand temps de prendre position. Se laisser séduire par l’éclat factice. Feint. Faux. Ou recevoir une lumière plus douce. Accueillir la flamme brûlante. Accepter ce clair-obscur. De chair et de sang. De joie et de paix.
Nous le savons,
celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus
nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus,
et il nous placera près de lui avec vous.
Et tout cela, c’est pour vous,
afin que la grâce, plus largement répandue
dans un plus grand nombre,
fasse abonder l’action de grâce
pour la gloire de Dieu.
C’est pourquoi nous ne perdons pas courage,
et même si en nous
l’homme extérieur va vers sa ruine,
l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour.
Car notre détresse du moment présent
est légère par rapport au poids
vraiment incomparable de gloire éternelle
qu’elle produit pour nous.
Et notre regard ne s’attache pas à ce qui se voit,
mais à ce qui ne se voit pas ;
ce qui se voit est provisoire,
mais ce qui ne se voit pas est éternel.
(2 Corinthiens 4, 14-18)
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🖼 Le Martyre de saint Matthieu
Le CARAVAGE, 1599-1600

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