Humbles Compagnes
- Mathieu DEVRED
- 11 déc. 2020
- 2 min de lecture
Mais quelle était donc l’intention de l’artiste ? Son œuvre cache-t-elle un message ? Faut-il chercher une portée symbolique ? Cette grande toile, haute de près de trois mètres est-elle juste un bel objet décoratif ? Nous ne connaîtrons jamais le fin mot. Et c’est sûrement mieux ainsi.
Alors, laissons-nous emporter par ce que nous contemplons. Laissons-nous entraîner par ces femmes. Dix-huit jeunes femmes. Dix-huit marches. Dix-huit instruments de musique. Cet étrange ballet nous conduit, déjà.
Le mouvement est partout. Les pieds s’entremêlent. Les robes sont aériennes. Opalines. Immaculées. Leurs plis délicats soulignent toute une palette d’attitudes. Quelques étoffes nouées exaltent les silhouettes.
Les visages sont expressifs. Tournés vers leurs semblables, pour les uns. Plus intérieurs, pour d’autres. Tous reflètent une grande douceur. Une joie retenue. Et puissante, à la fois.
L’image est composée dans la longueur. Mais les musiciennes ne gravissent pas l’impressionnant escalier. Leur béatitude se trouve plutôt dans une humble démarche. Leur bonheur ne réside pas dans une ascension artificielle. Elles ne montent pas sur scène. Loin de là.
Les premières arrivent déjà au but. Près d’un olivier verdoyant. Une porte de bronze ! Ouverte, elle laisse entrevoir une série de colonnes coiffées de chapiteaux.
Une femme étend les mains. Comme dans une attitude de prière. L’autre nous regarde. Avec grâce. Et une certaine fermeté, aussi. Elle semble nous inviter à entrer dans le temple. C’est l’heure de la rencontre.
Tout en haut, des colombes scrutent au-delà de l’horizon. Et une hirondelle virevolte. Celle-là même qui annonce aux marins que la terre approche enfin. Elle prédit le printemps et nous réveille de l’hiver. Visiblement, elle vient nous montrer que le salut naît du Ciel.
Et le plus court chemin, n’en doutons pas, c’est de suivre l’humble marche inaugurée par les compagnes musiciennes. Ces disciples de l’Escalier d’or.
Au milieu de la place de la ville,
entre les deux bras du fleuve,
il y a un arbre de vie
et les feuilles de cet arbre
sont un remède pour les nations.
Toute malédiction aura disparu.
Le trône de Dieu
et de l’Agneau
sera dans la ville,
et les serviteurs de Dieu
lui rendront un culte ;
ils verront sa face,
et son nom sera sur leur front.
Puis l’ange me dit :
« Voici que je viens sans tarder,
et j’apporte avec moi le salaire
que je vais donner à chacun
selon ce qu’il a fait.
Moi, je suis l’alpha et l’oméga,
le premier et le dernier,
le commencement et la fin.
Heureux
ceux qui lavent leurs vêtements :
ils auront droit d’accès
à l’arbre de la vie
et, par les portes,
ils entreront dans la ville.
Moi, Jésus,
j’ai envoyé mon ange
vous apporter ce témoignage
au sujet des Églises.
Moi, je suis le rejeton,
le descendant de David,
l’étoile resplendissante du matin. »
L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! »
Celui qui entend, qu’il dise : « Viens ! »
Celui qui a soif, qu’il vienne.
Celui qui le désire,
qu’il reçoive l’eau de la vie,
gratuitement.
(Livre de l’Apocalypse 22, 2-4.6a.12-14.16-17)
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🖼 L'Escalier d'or
Edward Burne-Jones, 1880

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