Invisible Présence

Il s’en est fallu de peu. Encore quelques secondes et c’était raté. Du moins, c’est l’impression qu’on pourrait avoir. Nous ne voyons que ses pieds. Et un bout de la tunique. Même un des orteils commence à être caché par le cadre de l’enluminure. Le Seigneur a quasiment disparu à notre regard. En fait, aujourd’hui, plus personne ne le voit.

Les couleurs sont rares. Bleu et ocre. Le Ciel et la terre. Les personnages sont en grisaille. Ils semblent presque absents. Leurs attitudes renforcent cette impression. La Vierge Marie, aussi, paraît impassible. En fait, leur regard est intérieur. Ils ont écouté les anges. Ils n’ont plus les yeux tournés vers Celui qui s’en va. « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » (Actes des Apôtres 1, 11)

Jésus est venu et il vient encore. Le Verbe fait chair a foulé notre sol. Et il nous offre encore son Esprit. Une brèche a ouvert la pierre. Le Christ s’est fait l’un des nôtres. Il a vécu parmi nous. Le Seigner est mort sur cette terre. « Il a rendu l’esprit. La terre trembla et les rochers se fendirent. » (Matthieu 27, 50-51) Son corps a été déposé au sépulcre. Mais la tombe n’a pu le garder.

Alors, ne cherchons pas à le retenir. À l’enfermer. Ne le réduisons pas à notre vision. « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » (Jean 3, 20)

Nous le savons,

celui qui a ressuscité

le Seigneur Jésus

nous ressuscitera,

nous aussi, avec Jésus,

et il nous placera

près de lui avec vous.

C’est pourquoi

nous ne perdons pas courage,

et même si en nous

l’homme extérieur

va vers sa ruine,

l’homme intérieur

se renouvelle de jour en jour.

Car notre détresse

du moment présent est légère

par rapport au poids

vraiment incomparable

de gloire éternelle

qu’elle produit pour nous.

Et notre regard

ne s’attache pas à ce qui se voit,

mais à ce qui ne se voit pas ;

ce qui se voit est provisoire,

mais ce qui ne se voit pas

est éternel.

(2 Corinthiens 4, 14.16-18)

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L’Ascension

Flandres, env. 1475