La Marche du Charpentier
- Mathieu DEVRED
- 13 févr. 2021
- 2 min de lecture
Mes aïeux auraient pu les croiser. Ils ont traversé le village. La nuit n’était pas loin. C’était l’hiver. De ces hivers glacés où l’humidité vous transperce les os. Le chemin était boueux. La gadoue venait alourdir chaque pas. En piteux état, les souliers hésitaient entre poursuivre et se perdre dans la fange. Et le rythme ralentissait encore.
Les arbres ne marquaient plus la route. Loin de rassurer, leurs silhouettes fantomatiques désignaient le néant. Les ténèbres. Bientôt, il faudra passer le ruisseau. Modeste Jourdain. Promesse de Vie.
Les maisons sont toujours fermées. Elles n’ont pas voulu accueillir l’Enfant à venir. Et depuis, la rouille a scellé les portes. Les cœurs se sont desséchés. Mais la petite lanterne brille encore. L’Espérance n’est pas morte.
Nous savons que nos yeux ne verront jamais la démarche hésitante de la jeune femme. Posture qui, jadis, annonça un heureux évènement. Le Charpentier n’a plus à soutenir tendrement son épouse. Leur pèlerinage s’est achevé.
Mais Joseph est toujours là. Pour prendre soin de chacun de nous. Il accompagne l’Église. Et nous apprend à accueillir le Fils bien-aimé.
Au milieu de la place de la ville,
entre les deux bras du fleuve,
il y a un arbre de vie
qui donne des fruits douze fois :
chaque mois il produit son fruit ;
et les feuilles de cet arbre
sont un remède pour les nations.
Toute malédiction aura disparu.
Le trône de Dieu et de l’Agneau
sera dans la ville,
et les serviteurs de Dieu
lui rendront un culte ;
ils verront sa face,
et son nom sera sur leur front.
La nuit aura disparu,
ils n’auront plus besoin
de la lumière d’une lampe
ni de la lumière du soleil,
parce que le Seigneur Dieu
les illuminera ;
ils régneront
pour les siècles des siècles.
Puis l’ange me dit :
« Voici que je viens sans tarder.
Heureux celui qui garde
les paroles
de ce livre de prophétie. »
(Apocalypse 22, 2-5.7)
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Le dur Chemin
(La Marche vers Bethléem)
Fritz von UHDE, 1890

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