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La Pâque de l'Enfant

  • Photo du rédacteur: Mathieu DEVRED
    Mathieu DEVRED
  • 14 janv. 2021
  • 2 min de lecture

La nuit est calme. Et, surtout, glaciale ! Du sable à perte de vue. Et en miroir de cette étendue infinie, le ciel. Une lueur blanchâtre embrasse le tout. Aucun relief. Rien. À part un sphinx, à la posture un peu étrange.


Joseph s’est endormi contre le premier degré du monument. Le désert lui a concédé ce rude coussin. Gelé, il s’est réfugié sous une étoffe de laine brune. La face contre terre. Auprès de la bure du pèlerin, un bâton. Lumière des patriarches, il est prêt à partir. Notre condition. Pour notre bonheur.


Les quelques brindilles ont fini de se consumer. Et le feu laisse échapper un mince filet. L’éphémère nuée s’envole. Pour toujours. Rien ne demeure. Tout passe.


Un âne somnole. Debout. Dieu n’oublie pas le pauvre. C’est sûr. Mais, lui, modeste bête de somme, doit veiller à son garde-manger. Le Messie est venu sauver les fils d’Adam. Pas nourrir sa monture à bon marché. À coup de miracle facile.


L’Enfant est blotti contre sa mère. La colonne de feu, le buisson ardent, c’est lui ! Il ne guide plus seulement les Hébreux. Il ne se révèle pas qu’à Moïse. Le Petit vient éclairer le monde. Et le réchauffer, aussi.


Rien ne parait avoir changé pour Joseph. Ni pour l’âne. La Vierge, elle, est illuminée. Comme jamais. Son ombre marque la pierre.


Et la créature au visage d’homme n’a plus rien d’hiératique. Ni de raide. La chimère ne fixe plus l’horizon. Elle a relevé la tête. Vers les Cieux. Témoin d’un monde nouveau. L’ancien n’est plus.


La Fille de Nazareth est comblée. La lourde statue est douce comme un oreiller. Le froid de la nuit n’a plus de prise. Elle tient dans ses bras, tout à la fois, la Manne du désert, l’Agneau de la Pâque et la Terre promise.


L’amour du Christ nous saisit

quand nous pensons qu’un seul

est mort pour tous,

et qu’ainsi

tous ont passé par la mort.

Car le Christ est mort pour tous,

afin que les vivants

n’aient plus leur vie

centrée sur eux-mêmes,

mais sur lui,

qui est mort et ressuscité pour eux.

Désormais

nous ne regardons plus personne

d’une manière simplement humaine :

si nous avons connu le Christ

de cette manière,

maintenant

nous ne le connaissons plus ainsi.

Si donc quelqu’un est dans le Christ,

il est une créature nouvelle.

Le monde ancien s’en est allé,

un monde nouveau est déjà né.

(Deuxième Lettre aux Corinthiens 5, 14-17)

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Repos lors de la Fuite en Égypte

Luc-Olivier MERSON, 1879



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