Le bon Berger

« Je suis le bon pasteur, le vrai berger. » (Jean 10, 11) Mais où est-il l’athlétique gaillard ? L’Apollon vigoureux qui protège son troupeau ? Un dieu de l’Olympe. C’est bien cela. Il nous faut, au moins, un dieu du Panthéon. Dans un monde dangereux et incertain, nous voulons du solide, du robuste. Nous sommes quand même en droit d’espérer mieux que "ça", non ? Un pauvre mouton prêt pour le sacrifice. Où compte-t-il nous conduire avec ses pattes entravées ? Les loups attaquent de toutes parts. Et nous devrions demeurer coincés avec lui, incapable d’avancer. « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » (Luc 23, 39)

Étranger aux sarcasmes, dans les ténèbres, il reste immaculé. Le goujat le croit absent, endormi, impuissant. Il se trompe. Les yeux ne se sont pas éteints. Notre agneau les garde mi-clos. Oh, il ne se voile pas la face. Mais le mal, il ne veut pas le voir. Il ne sait pas le voir. Il n’a jamais vu les ténèbres, l’obscurité. Il avance dans la lumière. Même lié.

Devant la violence, il reste docile. Sa toison garde une incroyable douceur. Les coups et les quolibets ne l’ont pas altérée. Il reste docile. Mais, dans ce comportement, il n’y a rien de médiocre, de grégaire. Ce que nous contemplons, c’est la belle obéissance d’un Fils. Et les rayons qui, de face, viennent le frôler trahissent une tendre présence. Celle de ce Dieu que, si souvent, nous imaginons absent. « Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. » (Jean 11, 17) Sur la table du sacrifice, il nous est donné d’entrevoir cet échange.

Nous étions tous errants comme des brebis,

chacun suivait son propre chemin.

Mais le Seigneur a fait retomber sur lui

nos fautes à nous tous.

Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche :

comme un agneau conduit à l’abattoir,

comme une brebis muette devant les tondeurs,

il n’ouvre pas la bouche.

(Isaïe 53, 6-7)

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🖼 Agnus Dei

Francisco de ZURBARÁN, 1635-1640