Le Cavalier victorieux
- Mathieu DEVRED
- 13 juin 2020
- 2 min de lecture
Un « poème nocturne, que seul un vrai poète peut écrire ». La formule est du letton Janis JAUNSUDRABINS. Et elle s’applique à merveille à l’œuvre que nous contemplons. Même s’il pensait, à ce moment-là, à un autre tableau d’Aleksandrs ROMANS. Son contemporain et compatriote. Alors, entrons dans ce poème. Sans trop tarder. Avec délicatesse.
La nuit est en train de tomber. La lune est déjà haute. Elle offre une lumière douce. Pâle. D’immenses silhouettes viennent presque la cacher. Les grosses masses sombres sont nimbées de sa lueur. Tranche une grande étendue d’herbe verte. Un vert intense. L’atmosphère est intense. Mystérieuse. Mystique.
D’un côté une rivière. De l’autre un sentier. Tous les deux tracent un chemin. Sûrement le nôtre. L’eau est pure. Reflet des cieux. Le parcours est clair. Rassurant. Un cheval blanc et son cavalier nous ont devancés. L’homme est entièrement vêtu de rouge. Un rouge vif. Sang. Ils nous apparaissent si petits. Et nous pressentons pourtant qu’ils sont la clef de voûte.
Au loin, un sanctuaire. Resplendissant. Tout comme la robe de la monture. Et l’astre doré. Le triangle ainsi formé précise le but de notre route. Le Ciel. Impossible de ne pas s’y engager.
Puis j’ai vu le ciel ouvert,
et voici un cheval blanc :
celui qui le monte
s’appelle Fidèle et Vrai,
il juge
et fait la guerre avec justice.
Ses yeux sont comme
une flamme ardente,
il a sur la tête
plusieurs diadèmes,
il porte un nom écrit
que nul ne connaît,
sauf lui-même.
Le vêtement qui l’enveloppe
est trempé de sang,
et on lui donne ce nom :
« le Verbe de Dieu ».
De sa bouche sort
un glaive acéré,
pour en frapper les nations ;
lui-même les conduira
avec un sceptre de fer,
lui-même foulera
la cuve du vin de la fureur,
la colère de Dieu,
Souverain de l’univers ;
sur son vêtement
et sur sa cuisse,
il porte un nom écrit :
« Roi des rois et
Seigneur des seigneurs ».
Et j’ai vu la Bête,
les rois de la terre,
et leurs armées,
rassemblés pour faire la guerre
au cavalier et à son armée.
La Bête fut capturée.
(Apocalypse 16, 11-13.15-16.19-20)
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Paysage au cavalier Aleksandrs ROMANS, 1910

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