Le Christ total

Le contraste est saisissant. D’un côté, une foule d’anges. Une foule qu’on ne peut dénombrer. Un aperçu de l’infini. Et ces créatures célestes offrent une impressionnante variété d’attitudes. Elles rivalisent de nuances. Admirez les regards. Le mouvement des bras. Celui des ailes. Chacun de ces êtres est bien à sa place. Scrutez leurs manières de se comporter. De communiquer. Certaines silhouettes semblent à notre portée. D’autres se perdent – ou plutôt s’accomplissent – dans l’infini. L’infini de Dieu. L’éternel présent.

Le contraste est saisissant. Au milieu de la multitude séraphique, un homme. Un homme seul. Soutenu par la nuée. Les esprits de lumière se tiennent devant et derrière lui. Divine spirale. Ravissantes volutes. Dans cette foule, il est l’Unique. « Dieu déclara-t-il jamais à un ange : Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ? Ou bien encore : Moi, je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils ? » (Hébreux 1, 5) C’est le Fils. Le Fils bien-aimé du Père.

Le contraste est saisissant. Un regard tendu vers le Ciel. Déjà là-bas. Et le corps d’un solide gaillard. Définitivement lié à ce monde. Un mouvement d’une légèreté incroyable. Et des bras étendus. Comme s’ils étaient toujours fixés sur la Croix. Un camaïeu de tissus délicats, vaporeux, diaphanes. Et une lourde tunique. Le vêtement d’un des nôtres. Un homme est au Ciel !

Le contraste est saisissant. Encore une fois. Dans cette composition exubérante, une trouée. Un petit morceau de terre. Une terre désolée. Au milieu des milliers de myriades, un monde inhabité. Mais où sont-ils passés, les fils d’Adam ? Où sont-ils ? Où sommes-nous ? Eh bien, le Christ nous a assumés. Il s’est chargé de nous. Avec lui, nous sommes déjà élevés. Comblés. Emplis de son Esprit. Je serai pour toi un père, et tu seras pour moi un fils, dit Dieu.

Dieu le Père a établi

notre Seigneur Jésus Christ

au-dessus de tout être céleste :

Principauté, Souveraineté,

Puissance et Domination,

au-dessus de tout nom

que l’on puisse nommer,

non seulement dans le monde présent

mais aussi dans le monde à venir.

Il a tout mis sous ses pieds

et, le plaçant plus haut que tout,

il a fait de lui la tête de l’Église

qui est son corps,

et l’Église,

c’est l’accomplissement total du Christ,

lui que Dieu comble totalement

de sa plénitude.

(Éphésiens 1, 21-23)

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L’Ascension

Gustave DORÉ, 1879

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