Le Livre ouvert
- Mathieu DEVRED
- 10 mai 2020
- 2 min de lecture
La Bible est grande ouverte. Anne s’est encore penchée sur ses pages. À s’en user les yeux. Cela fait de nombreuses années qu’elle « ne s’éloigne pas du Temple ». Elle sert « Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. » (Luc 2, 37) Cette longue attente est aride. Mais c’est la joie de son cœur. La vieille femme est prête. Plus que jamais, elle espère « la délivrance de Jérusalem. » (Luc 2, 38). Elle veille comme elle respire. Toute sa vie, maintenant, parle de Dieu.
La Bible est grande ouverte. Et la mère de l’artiste poursuit sa lecture. Elle déchiffre, ânonne, murmure. Sa vie sur terre touche à sa fin. Mais la lumière est de plus en plus intense. Elle accueille le lourd livre sur ses genoux. Comme, jadis, elle portait le petit Rembrandt. Mais, cette fois, c’est elle qui est choyée, consolée, nourrie. Chaque jour que Dieu fait, elle trouve dans sa lecture son Pain quotidien. Plus que des mots, plus qu’un texte, plus qu’un message, elle reçoit une Parole. Le Verbe fait chair. Massif et délicat. Profond et lumineux. Immuable et vif. Infini et toujours neuf.
La Bible est grande ouverte. Là, juste là. Devant moi. Vais-je oser m’approcher ? Suis-je prêt pour la rencontre ? Bien sûr que non ! Mais elle s’offre à moi. Ses pages sont traversées par un souffle léger. Elles frémissent. L’Esprit les anime. La respiration devient plus profonde. Vais-je résister davantage ? J’esquive. Encore un fois. Un vieux bouquin. Quoi de plus banal ? Des histoires plus que connues. Usées. Mais la lumière se fait plus forte. Rien d’insipide, fade ou terne. Cette histoire, c’est celle de Dieu. C’est la mienne. La nôtre.
Le Seigneur dit :
« Sors et tiens-toi sur la montagne
devant le Seigneur, car il va passer. »
À l’approche du Seigneur,
il y eut un ouragan,
si fort et si violent
qu’il fendait les montagnes
et brisait les rochers,
mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ;
et après l’ouragan,
il y eut un tremblement de terre,
mais le Seigneur n’était pas
dans le tremblement de terre ;
et après ce tremblement de terre,
un feu,
mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ;
et après ce feu,
le murmure d’une brise légère.
(1 Rois 19, 11-12)
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Une vieille femme lisant
Rembrandt, 1631

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