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Le Sein d'Abraham

  • Photo du rédacteur: Mathieu DEVRED
    Mathieu DEVRED
  • 7 juin 2020
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 juin 2020

Mais que fait donc ce Lazare dans le sein d’Abraham ? Eh bien, le pauvre bougre est enfin mort. Sa vie ne fut que peine et misère. Son corps n’était qu'une plaie. On ne comptaient plus les cicatrices. Ses tripes criaient famine. Souffrances. Abandon. Rejet. Angoisse. Terribles angoisses. Il n’était plus nourri que de moqueries. Et parfois, c’était pire. L’indifférence. Plus personne ne l’apercevait. Même pas un simple regard.

Ne restait que la visite des chiens. Les cerbères venaient se repaître à ses blessures. Et ils le tenaient loin de la table du riche propriétaire. Le malheureux aurait tant voulu grappiller ce que dévoraient les bêtes. Il rêvait de se glisser entre leurs pattes. Comme un des leurs. Mais les molosses en avaient décidé autrement. Et ils se nourrissaient de l’affamé. Comble de l’ironie.

Le maître des lieux doit désormais quitter ses complices de ripailles. En effet, il vient de mourir. Lui aussi. Elles sont finies les interminables journées passées à festoyer. Il est maintenant en enfer. Torturé par les démons. Il se croyait pourtant leur ami. Il connaissait chacun par son nom. « Inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, envie. » Et tant d’autres (Galates 5, 19-21). Ses hôtes sont devenus ses bourreaux. En fait, ils l’étaient depuis longtemps. Ils l’avalaient. Bouchée après bouchée. Verre après verre. Mot après mot.

Mais alors, pourquoi Abraham ? Pourquoi a-t-il reçu l’homme couvert d’ulcères ? En personne. Eh bien, c’est évident. Jadis, le patriarche a ouvert sa porte à d’étranges visiteurs. Trois hommes. Ou des anges. En fait, il a offert l’hospitalité à un visiteur bien particulier. Le Seigneur Dieu. Dieu lui-même. À sa propre table. Et quand on sait accueillir Dieu, on sait accueillir les pauvres. De la même manière, quand on sait accueillir les pauvres, on sait accueillir Dieu. Fondamentalement, Dieu est pauvre. Il ne retient rien. La maison de l’homme riche est restée close. Il s’est fermé sur lui-même. Fermé à la vie de Dieu. Cette vie pourtant toujours offerte. Et nous, avons-nous fait notre choix ?


Aux chênes de Mambré,

le Seigneur apparut à Abraham,

qui était assis à l’entrée de la tente.

C’était l’heure la plus chaude du jour.

Abraham leva les yeux,

et il vit trois hommes

qui se tenaient debout près de lui.

Dès qu’il les vit,

il courut à leur rencontre

depuis l’entrée de la tente

et se prosterna jusqu’à terre.

Il dit : « Mon seigneur,

si j’ai pu trouver grâce à tes yeux,

ne passe pas sans t’arrêter

près de ton serviteur.

Permettez que l’on vous apporte

un peu d’eau,

vous vous laverez les pieds,

et vous vous étendrez sous cet arbre.

Je vais chercher de quoi manger,

et vous reprendrez des forces

avant d’aller plus loin,

puisque vous êtes passés

près de votre serviteur ! »

Ils répondirent :

« Fais comme tu l’as dit. »

(Genèse 18, 1-5)

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Lazare et le mauvais riche

Enluminure du Codex Aureus d’Echternach, 1035-1040

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