Mourir et vivre
- Mathieu DEVRED
- 10 août 2021
- 2 min de lecture
Mais quel idiot ! Il cherche vraiment le bâton pour se faire battre. Approcher d’un inconnu. Il ne faudra pas qu’il se plaigne s’il lui arrive malheur. C’est peut-être une embuscade. Comment savoir si l’homme ne simule pas ? Qu’est-ce qui nous prouve que ce n’est pas un imposteur ? Un homme nu, comme ça, c’est plutôt suspect, non ?
Et puis, il est peut-être déjà mort. Pourquoi risquer de toucher un cadavre ? Ça ne sert plus à rien. Et c’est sale. Impur. J’espère de tout cœur qu’il n’osera pas prier après un tel sacrilège ? Il faudra qu’il aille trouver les prêtres. Ils sauront quoi faire. À sa place, je ne ferais pas le malin.
Allez. Nous sommes entre nous. On peut parler vrai. Cela restera entre nous. Dites-moi, vous avez vu ce nez crochu ? Cet air fourbe ? Mais non, je ne parle pas du gars à poil. C’est son pseudo sauveur qui m’interroge. Une telle générosité, je suis sûr que ça cache quelque chose. Il veut le voler. Le dépouiller. À coup sûr. Quel escroc ! En tout cas, j’avais bien raison de ne pas m’approcher de cette embrouille. Tout cela n’est pas net. Moi, je vous le dis.
À ton avis est-ce toi, les prêtres ou ce pauvre bougre qui « a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » demande Jésus (Cf. Luc 10, 36).
Tu pourras penser ce que tu veux. Mais se pencher sur ce blessé, le conduire en lieu sûr, c’est porter la mort elle-même. C’est mourir au yeux de beaucoup. Et s’ouvrir à la vie.
Un homme descendait
de Jérusalem à Jéricho,
et il tomba sur des bandits ;
ceux-ci,
après l’avoir dépouillé
et roué de coups,
s’en allèrent,
le laissant à moitié mort.
Par hasard,
un prêtre descendait
par ce chemin ;
il le vit
et passa de l’autre côté.
De même un lévite
arriva à cet endroit ;
il le vit
et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain,
qui était en route,
arriva près de lui ;
il le vit
et fut saisi de compassion.
Il s’approcha,
et pansa ses blessures
en y versant
de l’huile et du vin ;
puis il le chargea
sur sa propre monture,
le conduisit dans une auberge
et prit soin de lui.
(Luc 10, 30-34)
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Le Bon Samaritain
Luca GIORDANO, vers 1650

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