Offrande sur le front
- Mathieu DEVRED
- 20 juin 2020
- 2 min de lecture
1916. Encore une nuit dans les tranchées. Une nuit de plus. De trop. Interminable. Angoissante. Terriblement angoissante. Dans les ténèbres, la pluie s’est abattue. Une pluie d’obus. De laiton et de fer. Des balles. Des bombes. L’odeur de la mort a rôdé. Elle est de retour. Les vivants se sont effacés. Le trépas semble avoir gagné.
Il fait froid. Humide. Les soldats sont sales. Et seuls. Les morts s’entassent. Le conflit s’enlise. Cruel. Grotesque. Absurde. Mille questions. Aucune issue. L'humanité s'est perdue.
Le Seigneur Jésus embrasse la scène. Ses mains sont clouées sur la croix. Il a déjà remis l’Esprit. La poutre est large. Elle trace un nouvel horizon. Le visage du condamné est paisible. Les supplices furent atroces. Le procès, une parodie. Mais la paix domine. L’Agneau immolé est blotti contre sa mère. Il paraît lui donner un baiser. La Vierge repose sur le cœur du Fils bien-aimé. Compatissante. Disponible. Elle touche l’Amour.
Une aube nouvelle s’est levée. Du sein même de Dieu. Le ciel s’illumine maintenant. La lumière est douce. La confiance est désormais possible. Enfin.
Est-ce que moi,
j’ouvrirais un passage à la vie,
et je ne ferais pas enfanter ?
– dit le Seigneur.
Moi qui fais enfanter,
je fermerais le passage de la vie ?
– dit ton Dieu.
Réjouissez-vous avec Jérusalem !
Exultez en elle,
vous tous qui l’aimez !
Avec elle,
soyez pleins d’allégresse,
vous tous qui la pleuriez !
Alors,
vous serez nourris de son lait,
rassasiés de ses consolations ;
alors, vous goûterez avec délices
à l’abondance de sa gloire.
Comme un enfant
que sa mère console,
ainsi, je vous consolerai.
Oui, dans Jérusalem,
vous serez consolés.
Vous verrez,
votre cœur sera dans l’allégresse ;
et vos os revivront
comme l’herbe reverdit.
Le Seigneur fera connaître
sa puissance à ses serviteurs,
il sera indigné par ses ennemis.
(Isaïe 66, 9-11.13-14)
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Sacré-Cœur [de la Triennale]
Maurice DENIS, 1916

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