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Réfugiée dans la Crèche

  • Photo du rédacteur: Mathieu DEVRED
    Mathieu DEVRED
  • 29 déc. 2020
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 28 déc. 2022

Hérode, vient d’apprendre la naissance de celui qui doit régner sur Israël. Et le tyran inquiet ne trouve pas le repos. Son château de sable s’effondre. Le Roi des rois vient de naître. Les mages l’ont confirmé. Va-t-il occuper le trône de David, son père ? Ça, personne ne le sait. Une chose est sûre. Comme toutes supercheries, les jours de l’usurpateur sont comptés. Quoi qu’il fasse. Mais cela, il l’ignore encore.


Pour l’heure, il fulmine. Cette fois, c’en est trop ! La compétition est insupportable. Qui est-il, ce marmot, pour venir troubler sa tranquillité ? Il l’a si cher payée. Il a fallu accepter tant de compromissions. Comme un vulgaire porc, il a fallu se vautrer dans les pires bassesses. Tour à tour, il a fallu trahir, terroriser, flatter, soudoyer. À n’importe quel prix, il a fallu s’accrocher. Il a fallu en mater des rébellions. Et, maintenant, tout devrait s’arrêter ? C’est impossible ! Le simple fait d’y penser est insupportable. Le roitelet prétentieux est troublé. Les innocents doivent payer.


Déjà les gardes se ruent. Ils dévalent les marches du palais. Et trucident les premiers enfants croisés. Des mères fuient en tous sens. Elles sont vite rattrapées. Le sort de leurs petits est jeté. L’arrêt de mort est signé. Ils ont si peu vécu. Ils ne parleront pas. Ne construiront rien. Ne rirons jamais.


Un soldat est aveuglé par la lumière de midi. Par le reflet des ors royaux. Le clinquant d’un pouvoir factice. Ce clair-obscur, en fait, n’est qu’un trompe-l’œil.


Une femme a le cœur transpercé. Son fils est condamné. Elle est descendue au plus bas. Et se cache dans une ruine. La mort rôde déjà. toujours là. Le drame qui se joue la dépasse. Elle n’a rien demandé. Rien choisi. Sauf la vie. Sa main étouffe presque la chair de sa chair. Personne ne doit l’entendre. Il faut éviter le moindre bruit. Et son âme hurle. Déchirée. Ses lèvres doivent rester scellées. Elle ne peut même pas réconforter son petit. Quel supplice ! La violence est en train de la dépouiller de sa maternité. Elle nous jette un regard de détresse.


Personne ne lui a dit. Dans sa solitude, elle ne le sait pas. Mais son refuge, c’est la crèche de Noël. Sa nuit, c’est celle de la Nativité. Le nouveau Moïse a quitté la modeste étable. Il fuit en l’Égypte. Bientôt, il reviendra. Les idoles tomberont. Une à une. Et nous passerons la mort avec lui.


Ainsi parle le Seigneur :

Un cri s’élève dans Rama,

une plainte et des pleurs d’amertume.

C’est Rachel qui pleure ses fils ;

elle refuse d’être consolée,

car ses fils ne sont plus. Ainsi parle le Seigneur :

Retiens le cri de tes pleurs

et les larmes de tes yeux.

Car il y a un salaire pour ta peine,

– oracle du Seigneur :

ils reviendront du pays de l’ennemi.

Il y a un espoir pour ton avenir,

– oracle du Seigneur :

tes fils reviendront sur leur territoire.

Voici venir des jours

– oracle du Seigneur –

où la ville sera reconstruite

pour le Seigneur (…).

Et toute la vallée des cadavres

et des cendres, tous les cimetières, (…)

tout sera consacré au Seigneur.

On n’arrachera plus,

on ne démolira plus jamais.

(Livre de Jérémie 31, 15-17.38.40)

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Scène du Massacre des Innocents

Léon COGNIET, 1824


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