Se jeter à l’eau
- Mathieu DEVRED
- 21 juin 2020
- 2 min de lecture
Notre artiste vient se marier. Avec sa jeune épouse, ils partent retrouver des proches. C’est l’occasion d’une excursion à Rügen. En compagnie d’un frère de Caspar. Un périple sur une île. Une image de notre monde. De chacune de nos vies.
La mer s’étend. Majestueuse. Infinie. L’eau et les cieux se confondent. Deux navires voguent. Ils sont déjà éternels. Leur route, c’est l’éternité. Mais rien d’ennuyeux. Juste une douce lumière. Et la paix.
« Le peintre ne doit pas peindre seulement ce qu’il voit en face de lui, mais aussi ce qu’il voit en lui. » Et le grand FRIEDRICH ne parle pas dans le vide. Le malheur s’est abattu sur sa famille. Ils ont perdu des êtres chers. Leur mère et deux sœurs. Et un des garçons de la fratrie. Noyé dans cette eau de la Baltique. Au-delà du tragique, au-delà de l’horrible accident, ils les savent dans le cœur de Dieu.
Les deux frères adoptent une attitude différente. Et complémentaire. Caspar est à genoux. Penché au-dessus du précipice. Il mesure le danger. Il n’est pas naïf. Il connaît ses limites. Et ses pauvretés. Il a abandonné canne et chapeau. De fausses sécurités. Il se souvient qu’en mourant, Johann Christoffer lui a sûrement sauvé la vie. Lui, l’enfant d’alors. Perdu sur une glace plus fragile qu’il ne le pressentait.
Il a surtout compris qu’il lui faut franchir la barrière de rochers. Du moins, s’il veut rallier les flots tant désirés. Il lui faut passer ces lames acérées par les siècles. Dans la confiance. Son alter ego, lui, est solidement appuyé sur un arbre. Le sol est incertain. Mais le refuge est sûr. Ici, il peut accueillir le spectacle qui s’offre à eux. En quelque sorte, il y est déjà parvenu.
La jeune mariée ne regarde ni les obstacles, ni l’horizon. Elle embrasse la scène de sa tendresse. Sa robe rouge donne le ton. C’est la couleur de l’amour vrai. De la charité. Sa présence révèle d’autres teintes. Plus sobres. Arrêtons-nous donc aux vêtements de ses compagnons de route. Celui de son époux est bleu. Comme la foi. Cette confiance absolue. L’autre est vert. L’espérance chrétienne. Les trois aventuriers ne sont plus prisonniers de l’île. Ni de ses falaises. Ils sont libres. Et ils nous invitent à goûter ce bonheur. Quittons nos attaches. Résolument. Et rejoignons la haute mer. Notre équipement est rassemblé. Il se nomme foi, espérance et charité.
Quand Acab vit Élie,
il lui dit :
« Est-ce bien toi,
porte-malheur d’Israël ? »
Élie répondit :
« Ce n’est pas moi
qui porte malheur à Israël ;
c’est toi et la maison de ton père,
parce que vous avez abandonné
les commandements du Seigneur
et que tu as suivi les Baals.
Et maintenant,
convoque et réunis tout Israël
près de moi sur le mont Carmel,
avec les quatre cent cinquante
prophètes de Baal
et les quatre cents prophètes d’Ashéra
qui mangent à la table de Jézabel. »
Acab convoqua tout Israël
et réunit les prophètes
sur le mont Carmel.
Élie se présenta devant la foule
et dit :
« Combien de temps allez-vous
danser pour l’un et pour l’autre ?
Si c’est le Seigneur qui est Dieu,
suivez le Seigneur ;
si c’est Baal, suivez Baal. »
Et la foule ne répondit mot.
(1 Rois 18, 17-21)
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Falaises de craie sur l’île de Rügen
Caspar David FRIEDRICH, 1818

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