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Un soir à Emmaüs

  • Photo du rédacteur: Mathieu DEVRED
    Mathieu DEVRED
  • 2 mai 2020
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 mai 2020

(Luc 24, 13-35)


L’homme est ébahi, comme incrédule même si son cœur ne se trompe pas. Son mouvement de recul, ses yeux écarquillés, sa bouche à moitié ouverte nous montre bien que rien ne se passe comme prévu. Avec son compagnon, ils repartaient tous tristes, déçus. Le dégoût les avait envahis. Tant de violences, haine, injustices, trahisons, lâchetés, faiblesses de toutes sortes. C’est bien la nuit qu’ils traversaient. Une de ces nuits qui ne prennent jamais fin.


Et devant lui, la lumière resplendit ! Elle n’est pas aveuglante. Il peut fixer son Seigneur. Ses yeux peuvent enfin contempler celui qui a vaincu la mort. Les femmes l’avaient bien annoncé. Le tombeau est vide. Mais notre homme, lui, restait comme prisonnier du sépulcre. Cet endroit où il ne se passait plus rien, où il ne se passe jamais rien.


Dans un paisible clair-obscur, l’Esprit envoyé par le Père offre sa chaleur. Le Fils bien-aimé lève les yeux au Ciel. La profonde intimité avec celui qui l’aime et qu’il aime est enfin perceptible. Le pain partagé nous donne de l’entrevoir.


Et il y en a une qui l’a bien compris. Elle aussi est baignée de la même lumière. C’est la vieille servante. Par son modeste service, elle s’offre comme Dieu s’offre. Elle est déjà entrée dans le mouvement des messes qui, désormais, ne cesseront plus d’être célébrées. C’est bien dans le Christ que tout se joue. « Par lui, avec lui et en lui. »


Le deuxième compagnon est tombé de sa chaise. Il est maintenant à genoux devant Jésus. Dans la pénombre, pour encore quelques instants. Comme les prophètes Daniel ou Ézéchiel, comme saint Jean dans son Apocalypse ou saint Paul au jour de sa conversion, il est renversé. Ce soir, c’est un nouveau jour qui commence. Désormais, la nuit ne gagnera plus jamais.


C’est maintenant avec cette Bonne Nouvelle qui leur brûle le cœur que les deux compagnons d’infortune vont devenir des disciples. Notre premier bonhomme avait l’air de se protéger avec ses mains. Mais peut-être nous révèlent-elles qu’il est déjà en train de partir. Tous les deux vont pouvoir annoncer comment le Seigneur s’est fait reconnaître. Gageons qu’ils laissent, accrochée au mur, leur vieille besace. C’est libérés de leurs fardeaux, qu’ils peuvent enfin repartir.

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🖼 Les Pèlerins d’Emmaüs

Rembrandt, 1629


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