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Une Sainte de feu

  • Photo du rédacteur: Mathieu DEVRED
    Mathieu DEVRED
  • 20 mai 2020
  • 2 min de lecture

Au loin, à travers la fenêtre, nous apercevons un riche magistrat du pouvoir impérial. La Phénicie a perdu depuis longtemps son prestige. Mais Dioscore en a gardé d’étranges et cruelles pratiques. L’homme a une fille. Et il se doute bien qu’elle ne laissera pas insensibles les ambitieux garçons de la région. Mais notre seigneur a d’autres projets. Il serait heureux que son enfant préserve le patrimoine familial. Voire qu’elle l’augmente par un beau mariage. Il décide alors de l’enfermer. Jusqu’au jour de la noce prestigieuse.

Et c’est dans sa chambre que nous retrouvons la jeune barbare. Non pas qu’elle soit sauvage. Mais c’est une païenne. Elle ne connaît pas le Christ. Du moins, c’est ce que croit son entourage. La Providence en a voulu autrement. Personne ne sait trop quelles sont les circonstances. Barbe, comme nous aimons l’appeler, a découvert les saintes Écritures. Et tout a basculé. Elle a choisi son Seigneur. La riche aiguière et le linge blanc soulignent qu’elle a été plongée dans l’eau vive du baptême. Un vieux prêtre, déguisé en médecin, a pu officier. Dans le plus grand secret. Les épousailles sont enfin scellées.

Dans la vaste pièce, la jeune consacrée semble presque disparaître. Elle est en contrebas. Et son corps paraît désarticulé. Est-ce une préfiguration de son martyre qui approche ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle laisse la place à son nouvel amour. Un subtil jeu de lumière nous invite à regarder ailleurs. Le rayonnement du feu. La clarté extérieure. Plus froide. Et un autre éclairage. Derrière nous.

Nous pourrions rester longuement à contempler la scène. Mais le temps presse. Le père outragé va tuer sa fille. Contrarié dans ses projets, il préfère la perdre complètement. Admirons simplement la statue de la Sainte Trinité, au-dessus de l’âtre brûlant. Un résumé de l’Amour reçu et donné. Dans un instant, l’édile va tenter de jeter au brasier son héritage le plus cher. Mais elle va en réchapper. Redoublant de fureur, il la décapitera. Avec un sabre plus découpé que les pétales de l’iris bleu. Mais une chose est sûre. Le seul feu qui l’emporte, c’est celui qui brûle au cœur de la martyre. Témoin fidèle de son amour. Un amour tout nouveau. Et toujours neuf.

Sur mon lit, la nuit,

j’ai cherché celui que mon âme désire ;

je l’ai cherché ; je ne l’ai pas trouvé.

Oui, je me lèverai,

je tournerai dans la ville,

par les rues et les places :

je chercherai celui que mon âme désire ;

je l’ai cherché ; je ne l’ai pas trouvé.

Ils m’ont trouvée, les gardes,

eux qui tournent dans la ville :

« Celui que mon âme désire,

l’auriez-vous vu ? »

À peine les avais-je dépassés,

j’ai trouvé celui que mon âme désire :

je l’ai saisi et ne le lâcherai pas

que je l’aie fait entrer

dans la maison de ma mère,

dans la chambre de celle qui m’a conçue.

(Cantique des Cantiques 3, 1-4)

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Sainte Barbe

Triptyque de Werl (Panneau de droite)

Robert CAMPIN, 1438

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